Artistes connus au Ukulélés

Ariioehau TAUMIHAU

Lors d’une fin d’après-midi, l’équipe d’Upa Upa Tahiti a fait la rencontre de Ariioehau Taumihau. Le rendez-vous est fixé au parc Paofai de Papeete, sur l’île de Tahiti, pour discuter avec ce passionné aux multiples casquettes !

‘Ia ora na Ariioehau ! Peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Ia ora na ! Je m’appelle Ariioehau Taumihau, je suis un jeune tahitien de 24 ans. Je dirai que j’ai plusieurs passions, l’audiovisuel notamment ! J’en ai d’ailleurs fait mon métier. Je travaille en tant qu’animateur indépendant en télé et en radio depuis quatre ans. Et depuis presque un an, je me suis lancé sur les réseaux sociaux (YouTube, Twitch et Tiktok), dans l’espoir de pouvoir en vivre un jour. Je suis aussi passionné de musique. Et j’adore faire de l’humour !

Comment est née cette passion pour la musique ?

Comme pour de nombreux polynésiens, c’est une histoire de famille. Mon père jouait beaucoup avant, de divers instruments (guitare, ukulélé, piano). Il animait régulièrement les bringues. Ça a bercé mon enfance et mon attrait pour la musique s’est développé petit à petit. Je l’appelais ma passion timide.

Elle s’est réellement réveillée en 2015, à l’occasion du premier record de ukulélés organisé en Polynésie. Le but de cet événement était de rassembler le plus grand nombre de participants pendant quelques minutes et de jouer ensemble un morceau. Je n’y ai pas participé mais j’avais l’un de mes oncles qui y prenait part. Il a acheté un ukulélé pour l’occasion et comme il travaillait à TNTV, il a enregistré des partitions et des tutoriels expliquant comment jouer les morceaux. A force de le voir jouer, ça m’a donné envie de m’y mettre aussi. Alors au fur et à mesure je me suis pris de passion pour cet instrument. J’ai appris en autodidacte et puis comme le vélo, c’est venu un peu tout seul.

Depuis, la musique fait partie de mon quotidien : j’en écoute et j’en fais pour le plaisir. Je n’ai pas un domaine musical préféré, j’écoute aussi bien du jazz, du rock, du classique, du hiphop… Au ukulélé, j’ai un répertoire varié. Je joue des chansons en anglais, en espagnol. Et depuis un an et demi, je mets l’accent sur les chansons tahitiennes. C’est important pour moi de connaître la signification de la musique que je chante, afin de l’interpréter avec la vraie puissance. J’ai un véritable attrait pour les chansons à texte, ainsi que pour la culture tahitienne ! La culture polynésienne fait partie de mon identité. Et je m’y intéresse d’autant plus depuis que je sais mieux jouer au ukulélé. Cet intérêt pour ma culture imprègne chacune des musiques que je chante. Ça m’arrive aussi d’expliquer ce que veut dire les textes des chansons tahitiennes à ceux qui ne connaissent pas leur signification. J’essaie de partager la langue tahitienne du mieux que je peux, à toutes les personnes qui m’entourent et qui sont désireuses d’apprendre. Et à plus grande échelle, à toutes les personnes qui éprouvent de l’intérêt pour la musique et notre culture.

De quels instruments joues-tu ?

Je joue principalement de la guitare et du ukulélé hawaïen. Je me débrouille aussi un petit peu en piano. Je joue aussi de plusieurs instruments brésiliens.

Je préfère le ukulélé hawaïen au ukulélé traditionnel car le son est plus doux, donc moins agressif pour l’oreille. Tu ne peux pas jouer une petite berceuse avec un ukulélé traditionnel. Et pour jouer tout seul, c’est mieux. Mais lors des bringues, je me dirige plus vers le ukulélé polynésien. Mon choix va donc dépendre de l’ambiance du moment, je m’adapte.

As-tu des artistes qui t’inspirent ?

Gabilou car il a été un pionnier dans ce domaine. Il est parti en France, il a participé à l’Eurovision… Il a fait beaucoup de chansons, et en plusieurs langues alors c’est un artiste local qui a un parcours impressionnant.

J’aime aussi Marua Teni. Notamment pour la connexion qu’il y a eu entre nous deux. J’ai eu l’occasion de jouer avec lui lors d’une soirée « Play with Maru » qu’il organisait dans un restaurant. Le concept c’était de lui proposer une musique que l’on souhaitait chanter et il nous accompagnait à la guitare. Lors de ce morceau on s’est compris, sans se regarder ni se parler. J’ai notamment le souvenir que je chantais et à la fin d’un couplet j’étais sensé continuer mais je me suis arrêté. Et à ce moment précis il a fait un sacré solo. Je l’ai regardé avec les larmes aux yeux. Puis il m’a fait signe et je me suis remis à chanter. Il y a eu une symbiose entre lui et moi, je garde un très bon souvenir de cette soirée. La musique a le pouvoir de faire ressentir de belles émotions. Et pour le coup, elle nous a rassemblé à ce moment là, c’était très fort.

Mauruuru Arii pour cette interview ! As-tu quelque chose à rajouter pour la fin ?

Oui, j’aimerai faire passer un message. Je pense qu’aujourd’hui l’apprentissage de la musique polynésienne devrait être accessible à tous, gratuitement. Dès le plus jeune âge, les écoles devraient enseigner le to’ere, le ukulele… plutôt que de leur apprendre à jouer de la flûte ! Selon moi ça devrait faire partie du domaine public, au même titre que l’est de nos jours la transition de la langue tahitienne. Ca permettrait aux jeunes de se reconnecter avec leur culture, ils développeraient une sensibilité pour la musique traditionnelle. Quelque chose qui est en train de se perdre actuellement…

Merci à vous Upa Upa Tahiti !


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